CHAP 2... La plastique grecque de l'époque géométrique à l'époque hellénistique
II] Le style archaïque (700-500)
A/ Le gigantisme
C'est la grande période
des Kouroi et des Korai. Leurs caractéristiques restent
les mêmes. Mais il y a une nouvelle tendance au gigantisme, à savoir la représentation
d'êtres humains plus grands que nature (on parle de 5 mètres de haut pour certaines).
Les matériaux utilisés sont le marbre en premier lieu.
Cette mode du gigantisme se situe entre 620-580.
Ensuite, on en revient à des tailles plus conventionnelles.
A Delphes, une
représentation des Dioscures (Castor et Polux), ou des deux frères Cleobis et Biton. On
retrouve les schémas égyptianisants : coiffure, position des bras et des jambes, visage
impassible, yeux assez gros ; et le souci de représentation : tibia, genou, clavicule,
muscles.
Ces personnages mythologiques sont connus. Ce sont des Argiens, fils de Cydippe. Selon la légende, les deux
bufs blancs sacrés qui devaient être attelés au char de la déesse Héra
n'étaient pas prêts. Les deux frères se sont alors attelés eux même. Leur mère,
très fière, adressa une prière à la déesse lui demandant de leur accorder le plus
beau cadeau qu'un homme puisse désirer. La déesse leur a offert le sommeil éternel. En
effet, en les tuant, elle les épargne de la vieillesse, les conservant éternellement
jeune et vigoureux, ce qui est le plus beau cadeau que l'on puisse faire à un homme !
Certains ont pensé à des représentations de divinités, ce qui
est certainement le cas. Mais aussi des statues mortuaires qui servaient à représenter
un défunt. En effet, pour certains Kouroi, sur la base sont écrits des noms de
personnes : "statues d'intel".
B/ L'évolution de la statuaire des Kouroi au VIe siècle
L'anatomie est encore plus
marquée : on distingue désormais le fessier, la colonne vertébrale, les omoplates, les
pectoraux, les côtes, les abdominaux, le nombril ; le bassin est mis en valeur, les
jambes sont bien représentées.
On se rapproche de plus en plus du schéma humain ordinaire. La tête est
plus expressive, les yeux plus petits, la chevelure décorée de boucles, le sourire
archaïsant. Sur les yeux, on devine l'iris peint et non sculpté.
Le sourire est très important (v.
le cavalier rampin, milieu
VI). Il est caractéristique de la statuaire du VIe siècle. Certains parlent d'un souci esthétique ; plus généralement, on le
met en relation étroite avec un bonheur de la civilisation, d'un âge d'or. Mais c'est
aussi un sourire qui vise à mettre en valeur la beauté du corps, la jeunesse, la joie de
vivre. Ce sourire est également présent pour les Korai.
La statuaire se rapproche du
naturel qui correspond avec le développement de l'art gymnique multipliant les modèles
pour les artistes.
Beaucoup ont été détruits lors de l'invasion perse de 480.
A cette statuaire il faut ajouter le début des sculptures sur temples :
frontons, métopes.
C/ Les objets
Apparaissent à cette période des vases, comme le cratère de Vix. Vix se trouve en Côte d'Or. C'est un vase énorme : 1,64 mètres de haut et
une contenance de 1 200 litres ! Il s'agit d'un vase de cérémonie décoré : tout autour
du col du vase se déroule une frise consistant en guerriers qui déplacent à pieds ou
sur chars. Sur les anses, une gorgone (méduse), avec un sourire important et des yeux
exorbités. Dessus se trouvait à l'origine un couvercle finement décoré rehaussé d'une
statue (pour pouvoir soulever le couvercle)
Trouvé en Gaule, dans une tombe de princesse celte, le vase a néanmoins été fabriqué
en Grèce ; une hypothèse parle
de la Laconie.
D/ Le coulage du bronze
Ce bronze, comme l'utilise-t-on
pour couler de tels objets ? Il fait sont apparition au VIe. Cela appel une
technique particulièrement complexe. On distingue plusieurs étapes :
La fonte
: elle se fait à l'intérieur
d'un four.
Le démoulage : une fois le métal refroidi, on casse le moule pour dévoiler l'objet.
L'assemblage : souvent, en fait, les statues sont faites en plusieurs morceaux ; il faut
alors recoller les différents éléments de la statue.
La finition : les fondeurs raclent finalement la statue pour en enlever les impuretés.
1) Les statues en bronze, pleines
Le personnage est à l'envers en
monobloc. On aménage un conduit d'introduction du métal en haut du four ; pour pouvoir
répartir le bronze uniformément, on prépare également des circuits de conduction. On
pense aussi à la mise en place de couloirs d'évacuation de l'air. Ensuite, on attend le
refroidissement. Cette technique fait des statues pleines.
2)
Les statues en bronze, creuses
Ce système est principalement utilisé pour couler des têtes de statues.
a. Procédé 1
La forme de la tête est dessinée dans un noyau en terre cuite. Tout autour du
noyau, on coule de la cire : procédé de la cire
perdue. Et on sculpte le visage sur cette couche de cire
(oreilles, bouche etc..) Ensuite, on enferme le tout dans un moule d'argile qui épouse
donc les formes de l'ensemble noyau + cire sculptée.
Une fois qu'on a le moule (le noyau et la couche de cire sont
emprisonnés dans le moule), on coule le métal sur la cire qui fond et s'évacue en bas,
permettant ainsi d'obtenir les formes imprimées sur le moule en argile.
Le procédé est complexe et ingénieux. Mais il comporte un gros
défaut : l'épaisseur de la couche n'est pas uniforme (selon les endroits sculptés : il
y aura plus de bronze sur le nez et le menton, sculptés sur de la cire !), ce qui
déséquilibre la statue et la fragilise.
b. Procédé 2
On utilise un noyau encore,
mais en argile cette fois et directement sculpté. Par dessus ce noyau sculpté on coule
la cire qui épouse précisément et uniformément les contours.
On enferme le tout dans un moule, et on coule le métal pareillement.
L'épaisseur de bronze est alors uniforme partout.
E/ L'usage du marbre
On en trouve dans les statues bien sur, mais au VIe siècle, les
stèles funéraires sont en vogues. Ex. de la stèle
d'Aristion.
Elle nous est parvenue en excellent état de conservation et avec
des restes de polychromie. On retrouve les caractéristiques de l'époque archaïque : la
rigidité, la position du Kouros, l'il globulaire disposé de telle façon
qu'il nous regarde alors que la statue est de profil (influence directe de la statuaire
égyptienne).
On connaît également l'artiste : Aristoklès. Cela indique que les artistes avaient conscience du côté artistique de
leurs uvres, puisqu'ils les signent.
A la même époque (510 environ), on voit apparaître des
éléments figuratifs qui préfigurent l'art grec classique.
Les nouvelles représentations mettent en avant l'initiation du mouvement.
Sur les frises du trésor de Siphnos, on remarque toujours une rigidité de la sculpture dans
l'impression générale. Mais on est dans une période de tumulte : le combat des géants.
La rigidité laisse la place à une idée de combat, de mouvement. On le voit par la
présence d'un char conduit par un lion qui dévore un géant. L'esprit du mouvement est
en marche. (520-525 av).
C'est une transition entre l'esprit archaïsant et l'esprit
classique.