Apprendre les hiéroglyphes égyptiens
Dictionnaire des hiéroglyphes Ancien Egyptien
Hieroglyphs dictionay of Ancient Egyptian

CHAP 2... La plastique grecque de l'époque géométrique à l'époque hellénistique

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      B/ Le premier classicisme : 450-400

   Il date de la seconde moitié du Ve siècle a.J-C. Il est fort différent. Ici, deux sculpteurs sont incontournables :
Phidias et Polyclète. Ce sont les représentants emblématiques.
Le Diadumène de Polyclète
         1) Polyclète
   Polyclète est originaire d'Argos, dans le Péloponnèse. On donnera 452-422 pour ses dates de productions. On sait également qu'il eut le même maître que Phidias.
   Dans la statuaire et la plastique, il est le théoricien des proportions du corps humain. En effet il est le premier sculpteur à avoir travaillé sur des statues humaines en tenant compte des proportions. C'est ainsi qu'il est à l'origine d'un canon de proportion.
   A travers le Doryphore, copie romaine on peut analyser ce canon. Il faut que le corps de la statue soit en taille 7 fois celle de la tête. Le corps en est massif, les muscles saillants. Aussi, malgré un ensemble vertical, on note un léger déhanchement de la statue. Finalement, une jambe en retrait, comme marchant annonce le mouvement.
   On voit ici le
Diadumène, copie du Ier siècle av.JC d'une oeuvre de maturité (430-420) de Polyclète. Aussi, les traits expriment une vie intérieure intense. Pline décrivant l'oeuvre nous restitue la position des bras : l'athlète ou le dieu est en train de mettre un bandeau autour des cheveux.
   Ce canon perdure pendant environ un siècle, remplacé par le canon de Lysippe.

         2) Phidias
   C'est le sculpteur le plus connu de tous. C'est un Athénien qui a eut le même maître que Polyclète, il a produit des œuvres majeures (Athéna Parthenos, Athéna Promachos, Zeus Olympien). On sait aussi qu'il était parallèlement un homme d'affaire, proche de Périclès. On l'a accusé d'avoir détourné de l'or et de l'ivoire lors de la réalisation d'Athéna Parthenos. Certains disent qu'il serait mort emprisonné, empoisonné, ou au combat !
   C'est lui qui a porté à sa perfection la conception de l'art au Ve siècle, que ce soit dans le gigantisme sans la lourdeur, ou dans la minutie sans le maniérisme.

         3) La frise des Panathénées
   Un diplomate écossais, Lord Elgin eut la permission de visiter l'acropole au XIX ; en ce tant là c'était une forteresse ottomane. Cette frise ainsi que les métopes et tout un jeu de sculptures avaient du mal à résister au temps : les soldats les prenaient pour cible (entre autre !). Ce Lord eut l'autorisation d'emporter quelques vestiges ; il emporta la quasi-totalité des frises, des métopes et des frontons !

a. Déscription
   La frise des panathénées répond parfaitement à la définition de la frise : une ligne continue de plaques qui s'emboîtent les unes dans les autres et ne peuvent se comprendre isolément. La frise faisait à l'origine tout le tour du Parthénon. Ce qui nous en reste laisse imaginer une procession qui se situe au moment des Grandes Panathénées. La procession est organisée rigoureusement :
               - D'abord les cavaliers — les Hippeis, jeunes cavaliers des familles nobles. Presque tous les chevaux sont cabrés pour marquer leur musculature ; les cavaliers ne montrant aucune émotion dans l'acte animal. Ensuite, une série de personnages et à intervalles réguliers des bovidés. Ils correspondent aux bœufs sacrés qui seront sacrifiés à la déesse Athéna. On remarque toujours l'opposition entre le monde des humains, calme et raisonné, et le monde animal, contorsionné. En poursuivant, la frise est plus complexe, avec une succession de situations variées.
               - Premièrement les loutrophores, porteur d'eau destinée aux libations. Puis les musiciens, joueurs de flûte ; derrière, les joueurs de lyre. Ensuite, on retrouve le reste de procession de gens serrés avant de rencontrer une nouvelle composition : les animaux portés au sacrifice et des ovins (béliers).
               - Dernière procession : les dieux. Ils sont assis et donc facile à reconnaître. Par endroits de jeunes filles vierges qui rappelle la virginité d'Athéna, courroie entre le monde des hommes et le monde des dieux.

b. Commentaire
   Il y a peu d'espace libre : tout ou presque est sculpté. Les personnages sont grands comme les plaques, les bœufs aussi large.
Phidias n'a évidemment pas réalisé la frise tout seul ; c'est Phidias qui a dirigé des équipes de sculpteurs libres ou esclaves. Il a du faire des cartons, des dessins, reproduits directement sur la pierre ; ensuite à charge au sculpteur de tailler la pierre.

   Mais ce ne sont pas vraiment les petites sculptures qui marquent. On pense plutôt au gigantisme. Deux grandes sculptures sont à Athènes : Athéna Promachos et Athéna Parthénos. à Olympie Zeus Olympien.
   Ces trois statues ont disparus. L'Athéna Promachos était entièrement en bronze, haute de dix mètres environ, situé à l'entrée du Parthénon, après les Propylées. On dit qu'on pouvait voir la lance du Pirée (6km plus loin !).
   En revanche, on est mieux renseigné sur les deux autres. On en a fort heureusement des reproductions, ou des descriptions précises d'écrivains antiques, permettant des reconstitutions.

         4) Athéna Parthenos
   C'est grâce à une statuette en marbre d'environ un mètre de haut de l'époque romaine qu'on a pu établir une reconstitution correcte.

parthenos_1.jpg (16888 octets)a. Déscription
   On a dit qu'elle était une statue chryséléphantine (Chrysos = or ; elephantos = ivoire). Elle n'est évidement pas pleine ! Sur une base en bois, on place des plaques d'or et d'ivoire.
  
Athéna est représentée avec ses attributs traditionnels : un casque particulier. Dessus est un sphinx et de part et d'autre deux griffons. Le bouclier, posé au sol, et la lance. Enfin l'égide, vêtement en écaille avec aux extrémités des serpents et au centre une tête de Gorgone ; ce vêtement est particulier à Athéna.
   Dans l'antiquité, la sculpture faisait environ onze mètres de haut et reposait sur une base. D'autres éléments l'accompagnaient : une victoire, une nikè, dans la main droite de la déesse qui repose elle-même sur une colonne. On pense qu'a l'origine il n'y avait pas de colonne, mais avec le temps, au bout de quelques siècles, la structure s'est affaiblie ; on y a alors ajouté la colonne.
   Un serpent est lové à l'intérieur du bouclier, traditionnellement associé à Athéna. La base de la statue était sculptée aussi, et d'après les auteurs elle représentait le mythe de la boîte de Pandore. Aussi, des sculptures d'animaux sur les chaussures, de très hautes semelles compensées ! Le bouclier était sculpté aussi : on a retrouvé des reproductions du bouclier. On sait par ailleurs qu'il était sculpté à l'extérieur : un amazonomachie (combat entre les grecs et les amazones, avec au centre une tête de Gorgone. C'est le moment au cours duquel Thésée chasse de l'Attique les Amazones. C'est un combat urbain : tours, échelles), mais aussi à l'intérieur : une scène de la gigantomachie

b. Commentaire
   On remarque donc un souci du détail, mais aussi du gigantisme, tout en laissant de l'espace libre dans le naos.
  
Cette statue à été terminée pour l'inauguration du Parthénon en 438. On ne connaît pas sa fin, mais à l'époque romaine elle existait encore. On pense que comme le Zeus d'Olympie, elle aurait été démontée et transportée à Constantinople, puis détruite là bas.

         5) Zeus Olympien
a. Historique et commentaire
   On est réellement bien renseigné sur cette sculpture : les pèlerins des jeux olympiques voulaient en rapporter des souvenirs ; il faut donc imaginer des boutiques d'artisans qui vendaient des reproductions. Dès l'antiquité, elle fut considérée comme exceptionnelle. Elle fait partie des sept merveilles du monde. Elle également est chryséléphantine. Elle fut installée en 430 a.J-C dans le temple de Zeus à Olympie.
  
Cette statue à été réalisé par l'école de Phidias encore une fois. En plus on a retrouvé l'atelier qui a servi à sa construction ; il se trouvait à une vingtaine de mètre du temple. On a retrouvé des marteaux, burins et moules en terre cuite du vêtement et un vase avec une légende : FEIDIO EIMI : je suis à Phidias. C'est donc un vase appartenant au sculpteur ; c'est peut-être même lui qui l'a signé !.
   La statue a duré jusqu'au Ve siècle p.J-C. Quand le christianisme est devenu religion d'Etat, il y a eut des vagues de destructions des dieux païens. Zeus Olympien fut sauvé par sa valeur sculpturale. Début Ve siècle, Théodose II ordonne donc le démontage de la statue et le remontage à Constantinople. Mais son existence y est de courte durée. En 475, la statue est détruite dans un incendie.
Cette statue a entièrement disparue. Mais on a une description très précise d'un voyageur grec :
Pausanias. Il a décrit tout ce qu'il a vu. Egalement, dans l'Elide, certaines cités ont reproduit la statue sur leur monnaie.
   On a affaire à un Zeus assis sur un trône avec dans sa main gauche un sceptre et dans sa main droite une nikè, cette main reposant sur un accoudoir du trône. L'ensemble sculptural était accompagné de nombreuses petites sculptures sur le pied d'estale et le trône.

c. Commentaire
   On retrouve le génie de Phidias : le gigantisme de la réalisation qui n'écrase pas de lourdeur son espace. Un très gros travail de précision également dans le dessin de la draperie, et de la représentation de l'anatomie du personnage.


caryatide.jpg (16387 octets)  Phidias de son vivant est devenu un modèle à imiter. On a même parlé d'un art phidièsque. Evidement, ce premier temps classique ne se limite pas à ses deux sculpteurs, d'autres méritent aussi d'être connu.

         6) Les Caryatides de l'Érechthéion
   L'auteur est Alcamène ; il appartient à l'époque de Phidias.
   C'est un groupe de six statues féminines. Cinq d'entre elles sont encore à l'Érechthéion, la dernière se trouvant au British Museum.
   Vitruve, auteur latin, a écrit un ouvrage de architectura. Il explique l'invention de ce type de statue : Carya, une ville du Péloponnèse, prit parti pour les Perses au cours des guerres médiques. Après la victoire des grecs, ceux-ci lui ont déclaré la guerre ; la ville fut prise et les murs détruits, les hommes tués et les femmes menée en esclavage avec l'interdiction de porter autre chose que le peplos traditionnel, condamnées à porter la lourde honte de leur trahison.
   Dans l'antiquité déjà, ces statues étaient remarquées.

         7) L'invention de nouvelles techniquessandale.jpg (11460 octets)
   Egalement, des artistes inventent de nouveaux procédés. Un morceau de la frise d'Athéna Nikè dénote le style nouveau du drapé mouillé. C'est la victoire à la sandale. La victoire porte un vêtement ample, qui colle à la peau du personnage, notamment aux jambes, et à la poitrine.
  
Une frise du temple de Bassae dans le Péloponnèse dédié à Apollon montre de l'originalité aussi.
   On retrouve le canon polyclétéin. Les corps sont massifs ; la tête correspondant à 1/7 du total. En dehors de ces inspirations classiques, la nouveauté est dans l'usage de la draperie flottante, touche personnelle et novatrice. Elle donne une impression de mouvement et de fluidité.


   Ces écoles s'inspirent des grands maîtres du temps en y ajoutant des touches personnelles. Elles vont finir par se multiplier et faire évoluer le style vers le second style classique

 

      C/ Le second classicisme : IVe siècle

   On est au IVe siècle, à une époque ou Athènes n'a plus la primauté politique dans le monde égéen. Cela ne l'empêche pas néanmoins de produire des artistes qui vont marquer leur temps.

         1) Le canon de Praxitèle
   Parmi ceux-ci Praxitèle. C'est un Athénien dont la période artistique se situe entre 360-330. Il révolutionne le canon de Polyclète du 1/7. Praxitèle commence mettre en place un nouveau canon, mais ce sera Lysippe qui le développera. Ce canon voit une proportion de 1/7 (la tête représente 1/7 du corps). Les conséquences sont immédiates : le corps est beaucoup plus élancé, beaucoup plus svelte.
   Praxitèle renonce de manière progressive à l'idéalisme du premier classicisme. La perfection des hommes et des dieux va évoluer vers deux tendances.
         - L'une naturaliste représentant les humains dans des scènes quotidiennes.
         - L'autre combinant à la fois l'idéalisme et la sereinité : désormais on replace les statues dans le temps et dans l'espace et non plus dans un lointain cosmos, pour rapprocher la statuaire du public.
   Statue d'Hermès jouant avec Dionysos : la surface du dieu est polie à l'extrême, frôlant l'aspect miroir. On est à l'époque du jeu et de l'enfance.
   Apollon suroctone : Vraiment de la nonchalance dans le comportement des personnages.

         2) La révolution du nu féminin
   Au Ve siècle, on montre des femmes vêtues ou à moitié nues seulement. Seuls les hommes et les dieux masculins étaient montrés nus (Aphrodite exceptée). La femme est également montrée dans toute sa sensualité.
   L'Aphrodite de Cnide : elle tient un manteau ample reposant sur un vase à eau : elle va ou sort d'un bain. La sculpture montre Aphrodite surprise dans sa nudité (un geste de la main pour se cacher). Cet esprit de pudeur est novateur.
   La statue prévue pour habiter un temple a été refusé. Les Cnidiens l'ont adopté ; elle est devenue le symbole de Cnide et a été la statue la plus copiée de son temps


   Avec ce changement de canon, la perception nouvelles de certaines représentations, on invente également de nouveaux bâtiments pour mettre en valeur d'une nouvelle manière les sculptures.

         3) Le mausolée d'Halicarnasse
   Sur place, on trouve un trou par lequel on accède à une volée de marche conduisant à la chambre funéraire. C'est tout : le bâtiment a été mis à mal par les tremblements de terre. Ensuite, au Moyen Age, les hospitaliers ont récupéré les terres pour construire un fort.
  
Cependant, il fut considéré comme une merveille du monde, et à ce titre il a été scrupuleusement décrit par les écrivains antiques.

a. Description
   Ce mausolée a été réalisé vers le milieu du IVe pour abriter la dépouille d'un gouverneur perse : Mausole. C'est donc une tombe qui n'existe plus. Mais il nous reste beaucoup de sculptures du mausolée qui se trouve au British Museum. Le mausolée a aussi été fort bien décrit par Tite Live.
   Dans ces grandes lignes, les reconstitutions du monument ont la même allure. Le bâtiment avait 45 mètres de haut, et un plan carré. En hauteur, une volée de colonne ; entre le sol et les colonnes, un mur épais. Le toit consiste normalement en deux pans, ici, quatre pans qui constituent une sorte de pyramide. Pline l'ancien nous dit enfin que le monument était décoré par de nombreuses statues et frises. Au sommet, un quadrige en bronze représentant sûrement Hélios. En dessous, des séries de sculptures sur plusieurs niveaux, certaines sur les pans du toit lui-même.
   Ces statues représentaient des animaux, des chevaux, des lions. Egalement des animaux montés. On représente aussi des images de dignitaires locaux, des gens qui ont vécu avec leur propre visage.
   Les frises représentent des scènes de combats entre Perses et Grecs, et des amazonomachies. On y retrouve le drapé volant
Lysippe a travaillé sur le monument.

   Ce monument est l'aspect le plus spectaculaire de cette révolution de l'art.

         4) L'art du portrait
   Son grand champion est Lysippe avec le portrait d'Alexandre le Grand. Il lance cette mode de la reproduction des traits de personnages. On voit transparaître dans ce portrait un être exceptionnel ancré dans sa réalité mais aussi hors du temps : il est représenté dans sa jeunesse, maître de son destin, si ce n'est une apparence de détermination. Les portraits ne sont pas peints.

         5) Bijoux et stèle funéraires
   Mais aussi explosions des bijoux, des stèles funéraires.
  
En 1977, dans le nord de la Grèce, un archéologue grec Manolis Andronikos est tombé sur un tumulus sous lequel il trouve des tombes non violées. Le site le plus prestigieux est celui de Vergina. On y retrouve une multitude d'objets : arme, bijoux, coffres, un trône royal, le tout en or, en argent et en bronze. C'est une découverte majeure, comparable à celle de Toutankhamon.
   On y a trouvé des séries de colliers simples, mais aussi plus recherchés et plus fins. Une couronne avec un travail des feuilles de chênes et des glands, des boutons, des bracelets.
   Egalement, un coffre en or massif dans lequel on trouve des cendres humaines. A partir des morceaux d'os, on a réussi à reconstituer un crane humain. Au-dessus de l'arcade sourcilière, une entaille profonde ayant entraîné probablement la perte d'un œil. Ors on sait que ce fut le cas de Philippe de Macédoine. L'étoile a seize branches est le symbole de la monarchie de Macédoine…

   Au IVe siècle, on commence de laisser s'exprimer les sentiments par la nonchalance. Il faut aussi noter la précision des détails : on va jusqu'à représenter les nervures des feuilles, les poils des sourcils. Ces aspects sont percevables aussi bien sur les grandes statues, mais aussi sur les objets et bijoux.

Texte établi à partir d'un cours de faculté en 1998-9
Grands Mercis au professeur

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Mise à jour du : 12/04/99

+ Doryphore de Polyclète : J.Boardman, La Sculpture grecque classique (Naples.H. 2,12)
+ Diadumène de Polclète : Photo P. Wheeler, copie du Ier siècle av. J-C, (musée national d'Athènes)
+ Athena Parthenos : Photo P. Wheeler, copie du IVe siècle après J-C, (musée national d'Athènes)
+ Caryatide : J.Boardman, La Sculpture grecque classique (source : Arts of Mankind Front ; Londres 407.H.2,31)
+ Victoire à la sandale : Photo P. Wheeler, (copie au musée national d'Athènes)