CHAP 5... L'absolutisme économique
L'absolutisme est une
concentration des pouvoirs qu'il ne faut pas confondre avec le despotisme et la dictature.
En matière économique cela correspond à une étatisation de l'économie. Au XVIIe, et cela jusqu'en 1789, les difficultés d'un
pays sont ses ressources, et celles-ci sont la population, le contribuable. Alors
l'absolutisme économique est le principe de faire rentrer les impôts uniquement dans la
caisse de l'état.
Au XVIIe siècle, on
l'appelle le colbertisme,
le dirigisme économique : une
emprise du pouvoir centrale sur les finances. Le contraire du dirigisme est le
libéralisme.
1) Equilibrer le
budget.
C'est deux colonnes : recettes et dépenses. Les recettes sont uniquement la fiscalité, ors nobles et clergé sont
exemptés des impôts sur la terre.
Deuxième
difficulté : les dépenses. Le territoire national a coûté cher à construire, la dépense essentielle étant la guerre. Sous
Louis XIV, on connaît cinquante-cinq ans de guerre. Celle-ci nécessite le financement
d'une armée : Sous François Ier : 45 000 hommes, sous Louis XIV : 450 000 hommes.
La France, pour faire face à ces dépenses doit développer son commerce, volonté de tous
les ministres : Sully (sous
Henri IV) qui a mis l'accent sur l'agriculture "Labourage et pâturage sont les deux
mamelles de la France". Sous Colbert, développement du commerce maritime, en attendant le sucre après 1697.
Ce
développement du commerce est le mercantilisme. On peut donc assimiler le colbertisme au mercantilisme.
Développer
le commerce c'est donc développer les exportations. D'où la création
de deux flottes : une de commerce qui va se substituer peu à
peu aux marins étrangers (hollandais) qui faisaient l'essentiel du commerce
international. Et aussi la création d'une flotte de guerre, pour protéger les convois
dans le monde.
Cette triple mission : recettes, impôts,
exportations = absolutisme économique.
2) Colbert
Colbert
arrive aux affaires en 1661 dans un contexte ou le responsable des finances s'appelle le
surintendant des finances : Nicolas Fouquet.
a) La disgrâce de Fouquet
Celui-ci est accusé de prévarication, c'est à dire de
puiser dans les caisses de l'état. La postérité à retenu au sujet de Fouquet le nom de
voleur, avec lequel il aurait construit le château de Vaux-le-vicomte. Mais Fouquet
était dans un contexte difficile, 1648-53 : dernière révolte contre la montée de
l'absolutisme, la fronde, révolte des grands. Louis XIV s'est dés lors méfiés des
grands seigneurs. Et les accusations contre Fouquet lui font craindre une nouvelle guerre
intérieure. Il représente une sorte de menace. Celle-ci, avec la gestion de ses affaires fait que Colbert ruine Fouquet
aux yeux du roi qui le fait juger et emprisonner en 1664 dans la forteresse de Pignerol.
Colbert
doit donc être un contre-Fouquet. Il veut une politique de l'ordre.
b) Une politique d'ordre
Fouquet aux
affaires a multiplié les irrégularités voir des détournements. Sous l'Ancien Régime, il faut faire attention:
il n'y a pas de séparation entre les fonds de l'état et les fonds du roi. Le trésor de
l'épargne est celui des impôts, celui du roi. Colbert, lui, incarne la modernité des fiances. Il fait établir des relevés de compte simples : recettes et
dépenses du roi. Grâce à ces deux livres, le roi peut connaître l'état du trésor.
Ils sont tous deux visés chaque mois par le roi. A partir de Colbert se dégage la notion de budget. Tous les ans, un budget est
prévu en octobre (et cela n'a toujours pas changé).
3) Diminuer les charges de l'état
+ L'état emprunte de
l'argent aux français ; ce sont les emprunts d'états. Quand on emprunte cet argent,
l'état doit verser une rente (aujourd'hui un intérêt). Donc on diminue les rentes.
+ Deuxièmement, on supprime les officiers inutiles rémunérés
par le roi. Cela permet à l'état de faire une économie de plusieurs millions de
livres.an-1. En dix ans,
Colbert à réduit de 50% les charges.
+ Troisième mesure : créer une chambre de justice de 1662-1669, pour
rechercher tous les abus et malversations commises depuis trente ans, et notamment pour
rechercher les roturiers enrichis qui ont acheté des terres, pris des particules et qui
en s'agrégeant à la noblesse se sont dispensé de payer des impôts. Il y a donc la grande réformation de la noblesse : les
nobles doivent prouver qu'ils sont nobles. S'ils ne le peuvent, ils payent une amende de 2
000 livres. Cela restitue plus de 100 millions de livres au trésor.
4) Augmenter les recettes.
Ce
n'est pas forcément augmenter les impôts. (Aujourd'hui les impôts sont perçus
directement). Il s'agit de faire rapporter d'avantage à
l'impôt. D'une part, il est lourd (la charge fiscale est la
même qu'aujourd'hui). Mais l'impôt souffre de deux maux : il est mal réparti en ne pesant que sur le tiers
états. Et surtout, il est mal levé : l'état n'est pas encore assez absolu (aujourd'hui, inspecteurs,
contrôleurs, percepteurs), alors ce sont des particuliers qui le lève. Ils sont chargés
par le roi de recevoir l'impôt. On dit qu'ils sont affermés, l'impôt étant donné à
ferme à un individu. Et ces particuliers gardent pour eux le surplus qu'ils peuvent se
faire.
taille réelle qui
pèse sur les biens, essentiellement la terre. Mais clergé et noblesse, principaux
propriétaires terriens en sont exemptés.
taille personnelle,
qui pèse sur les personnes, mais uniquement les roturiers (certains officiers en sont
exemptés, quelques provinces en sont exemptées, certaines villes aussi : les villes
franches.)
la gabelle. Le
terme a deux sens : Impôt sur le sel. Impôt très important car le sel jusqu'en 1945,
est le seul moyen de conservation des aliments : tout le beurre, poisson, viande est
salé. Deuxième sens : impôt tout court
Les aides, impôts
sur les boissons, qui comme la gabelle est indirecte.
La
fiscalité est le problème essentiel de l'Ancien Régime, car la remettre en cause, c'est
remettre le système triparti en cause.
Colbert a néanmoins essayé de diminuer ces différences financières. Vis à vis du
clergé, il paye tous les ans au roi un don gratuitement consenti. Et celui-ci est
augmenté prodigieusement par Colbert. Le domaine royal qui sont les terres et fermes du
roi, il le fait rentrer dans la fiscalité. La perception des impôts est meilleure avec
un choix des affirmés. Finalement, il traque les exemptés.
5) Les résultats
De
1661 à 1671, les revenus de l'Etat double, tout en diminuant la taille personnelle.
Dès 1662,
les recettes sont supérieures aux dépenses, ce qui se produira tous les ans sauf en 1668
et à partir de 1672. 1668 est la guerre de dévolution faite par Louis XIV pour hériter
des biens qui aurait du être dévolu à son épouse, Marie-Thérèse
d'Espagne, à la mort de son père. A partir de 1672, Colbert
incite Louis XIV à déclarer la guerre à ceux qui sont la première puissance
économique : la Hollande. Cette guerre va durer jusqu'en 1678. Ceux-ci ont le monopole du
commerce international et les deux flottes les plus puissantes.
Les
difficultés qui restent viennent essentiellement de la guerre contre la Hollande et
contre les alliés de la Hollande : l'Espagne qui battu par Louis XIV en 1669 profite de
la guerre pour pouvoir obtenir l'Artois et le Roussillon.
Les
dépenses sont lourdes car la période de Colbert correspond à la construction de
Versailles. La cour vit au Louvre, et autour de la Loire sous François Ier, sous Henri IV, elle revient au Louvre. En
1648, c'est la dernière révolte des grands. Louis XIV, a décidé de sortir de Paris. La
cour s'y installe en 1683.
Les désirs de Louis XIV posent problème aussi : dépenses pour la cour,
l'embellissement de Versailles. La prévoyance de Colbert est battue par ceci.
La France est un pays riche. Elle a conservé l'image d'une France verte.
Pour les politiques du XVIIe, la richesse est la quantité d'or que possède un
pays. Pour Richelieu et Colbert, elle dot se mesurer en liquidité : or et argent. Pour
avoir beaucoup de numéraire, il faut donc vendre beaucoup et acheter peu. La limite du
programme : tout le monde fait pareil.
Cette idée de développer le commerce est le mercantilisme, qui n'est pas
propre à Colbert : Elizabeth Ière, la Hollande, Sully, Richelieu on fait de
même. Ce qui est nouveau, est la volonté de diriger cette économie, de faire plier
l'économie par l'état.
1) L'agriculture.
Elle intéresse peu Colbert : C'est un secteur difficile à diriger. En effet elle
ne dépend que du climat, des intempéries, de la guerre. Donc aucun politique ne peut
peser sur l'agriculture. De 1661-63, période de disette (cris de subsistance).1663-74 :
les conditions météo sont bonnes avec des denrées qui augmentent (blé). Les prix
diminuent donc (offre/demande).
Colbert
s'acharne essentiellement à fournir du pain noir à la population et produire à la ville
des denrées à bon marché.
2) La production manufacturière.
C'est
la grande uvre de Colbert. On ne peut pas encore parler d'industrie. On peut parler
d'artisanat ou d'un système préindustriel avec des manufactures.
Les textiles :
Les draps français sont réputés, ils se vendent
bien malgré la concurrence des draps anglais. On appelle ces villes, les villes drapantes
: Rouen, Roubaix, Tourcoing.
Développement
du chanvre qui est tissé
surtout en Bretagne pour faire les toiles à voile pour les bateaux (il faut3 000m2 pour un navire). La soie arrivée d'Italie à Lyon au XVIe.
La métallurgie : Travail du cuir, du
fer. Les fonderies de canon sont
beaucoup demandées par la flotte. En 1643, à la bataille de Rocroi : 14 canons
français. En 1709 à Malplaquet : 100 canons. Mais la flotte : 1692, La Hougue : 100
vaisseaux avec entre 30 et 120 canons chacun. Sur une escadre environ 4 500 canons.
Développement
du fusil, des poudres, des mèches, des ancres, des arsenaux.
Le Verre : A St Gobin, avec notamment des miroirs : grande
galerie des glaces à Versailles.
Les sucreries : En
fin de période, à Bordeaux, Nantes, La rochelle, Dieppe, Dunkerque.
Il faut
imiter les productions étrangères qui sont souvent d'excellentes qualités.
Les glaces à
Venise / la soierie à Italie / la dentelle à Hollande / canon à Suède / Chanvre à
Baltique (Prusse, Giga) / les Bas à Angleterre.
On a donc créer des manufactures de
deux sortes : d'états (depuis 1667 :
les gobelins qui font des tapis), et royales qui appartienne à des particuliers qui reçoive du roi un privilège. En
échange, ces ouvriers reçoivent le monopole, des aides financières, des exemptions
fiscales. Elles s'engagent à produire une certaine quantité du produit en fonction d'une
qualité. Ex: Bonneterie de Troie en Champagne, les manufactures de draps en
Picardie.
En 1665,
Colbert organise un conseil du commerce qui va multiplier les règlements et les édits suivant les différents
métiers. Tous les détails techniques sont fixés, et il multiplie les métiers jurés
(futur corporations) avec la création de contrôleurs des manufactures.
3)
Protéger et exporter.
Il
faut protéger à l'intérieur les productions nationales. Colbert impose des tarifs douaniers qui frappent les produits
étrangers qui entrent en France. C'est l'augmentation de tarifs. En 1667, aggravation des
tarifs, et les taxes augmentent. C'est la guerre des tarifs.
Pour
vendre, il faut faciliter la circulation des marchandises de province à province. Il faut
donc améliorer les routes royales, essentiellement celles qui conduisent à Paris et vers les Ports :
Bordeaux, Marseille, Nantes. Ces routes ont été construites pour la plupart sous Henri
IV.
Le
transport par voie d'eau avec la création de canaux (canal des deux mers : faire communiquer la Méditerranée avec
l'atlantique. Riquet ingénieur qui y a travailler 14 ans de 1666-1680 = canal du midi
aujourd'hui ? .
Aussi,
quelques douanes sont supprimées
qui existaient sur les frontières des provinces. Supprimer les péages municipaux à
l'entrée des villes, des péages seigneuriaux. On arrive à une simplification douanière
dès 1664.
4) Le commerce extérieur.
Pour
construire des bateaux il faut des ordonnances sur les
forêts. Protéger les forêts en empêchant les
propriétaires de vendre les arbres de plus de 100 ans. Il faut donc nommer des
inspecteurs des forêts qui vont marquer les arbres du roi, puis les transporter vers
Toulon par flottage. Il faut en effet 3 000 chênes pour la coque d'un bateau, plus les
sapins pour les mats.
Il faut
lever des hommes (50 000 à 60 000 marins), il faut offrir des primes aux armateurs, créer des compagnies de commerces : 1664: compagnies des indes orientales pour
ramener des épices de l'océan indien. 1664 compagnie des
indes occidentales pour les îles à sucre : Martinique et
Guadeloupe acquise en 1635, St Christophe en 1626, et une moitié de Saint Domingue. 1669 compagnie du nord qui commerce avec la
Baltique où on achète des mats, du chanvre, du goudron, du bray. 1670 compagnie du levant avec un monopole du
commerce sur la méditerannée orientale ou elle souffre de la piraterie barbaresque.
Pour faire
la guerre aux Hollandais, 1664-1667 : Guerre des tarifs ; 1672-1678: guerre militaire.
1678, ils sont battus et Louis XIV et à l'apogée de son règne. En 1679, la ville de
Paris lui donne le nom de Louis le Grand.
1) La guerre de
Hollande : 1672-78
Elle doit retirer au Hollandais leur
suprématie mondiale. En 1678, elle sort de la guerre ravagée (ils ont rompu leurs digues
pour noyer la cavalerie). Néanmoins, Louis XIV doit abandonner le tarif de 1667, et la Hollande reste un pays puisant surtout qu'en
1688, Guillaume d'Orange devient roi d'Angleterre.
En France,
les compagnies n'ont jamais marchées. La France est terrienne, le Français n'est pas le goût du risque. Les
actions se vendent mal, les grandes compagnies ont périclitées. 1674: fin de
l'occidentale. 1684: disparition du Nord, 90 : Le Levant est liquidé. Des quatre, seule
celle de l'Orient se maintient. Elle rapporte assez peu à ses actionnaires mais à créer
Pondichéry en 1674.
Après
1674, à cause de la guerre, de nombreuses manufactures disparaissent. Seul les arsenaux
se maintiennent avec les forges et les gobelins.
2) Les causes d'un semi-échec.
a) Les résistances au dirigisme.
Les artisans,
fabricants, armateurs, sont pour la liberté de commerce. Ils s'opposent
à tout monopole étatique. Ceux qui travaillent résistent
à toute intégration de l'état dans ses affaires. Conséquence, beaucoup de fraude.
Colbert est
critiqué par les économistes européens qui veulent une ouverture avec les pays voisins,
et il incite les Hollandais à acheter du vin aux italien, du blé marocain ou corse
etc...
b) Le manque d'intérêt
La grande
bourgeoisie n'aime pas investir son argent dans le risqué, donc pas dans les compagnies (naufrage, piraterie). On préfère l'achat
de terre qui permet d'être intégré à la noblesse. En 1664, à Angers, pas une action
ne sera achetée. Le Français préfère les terres et les rentes. L'achat des offices est
donc fort apprécié car elles sont anoblissants : après vingt ans on ne paye plus
d'impôts.
c) La conjoncture extérieure.
Angleterre et
Hollandais, concurrents redoutables avec des produits de qualités sont en position de monopole en Baltique, Indien, mer du Nord. Ils ont des banques 1609 : banques d'Amsterdam, avec des systèmes
financiers performants.
La période
de Colbert se divise en deux périodes :
1661-1671 : assez facile avec une bonne
conjoncture climatique.
1672-1683 : les efforts sont difficiles à
poursuivre à cause des guerres extérieures qui étant navales sont beaucoup plus
coûteuse que les précédentes (le vaisseau est une arme fort coûteuse : 1 million de
livres, il faut nourrir les 50 000 marins alors que sur terre, on se nourrit chez
l'ennemi, les pertes peuvent être considérables : 1678: une escadre entière de 15
vaisseaux fait naufrage.
Texte établi à partir d'un cours de faculté
suivi en 1997-8
Grands Mercis au professeur !
Mise à jour du : 23/03/99