CHAP 3... Humanisme et Renaissance
Traditionnellement 1450
marque le début de la Renaissance. La renaissance sous-entend un retour sur l'antiquité
après mille années de Moyen Age qui constitue un temps mort, avec un retour de
l'individualisme. C'est injuste avec les cathédrales du XIIe siècle ; dès le
XIVe, en Italie, le mouvement de la renaissance est commencé.
Les intellectuels contemporains ont consciences de vivre quelque chose de
particulier. G.Vasari en 1550 a évoqué le premier le
terme de renaissance, y considérant trois âges : 1250-1400: le monde de Giotto (v.1266-1337) ; XVe : les progrès ; XVIe: la
perfection moderne.
Il est à noter l'idée que le monde est peu à peu sortit de la torpeur et
l'importance de L'Italie.
I] Les nouvelles structures mentales
1) le
néo-platonicisme
C'est l'accomplissement vers 1510 d'un rêve. Marsile Ficin (1433-1499), philosophe de la fin du XVe, poète florentin, avait animé une académie avec le
rêve de réunir les idées de Platon et celles de Jésus
Christ. Le Moyen Age avait préféré Aristote, avec Platon, c'est l'héritage antique qui est redécouvert. On veut
réconcilier antiquité et religion. Pour Marsile Ficin, dieu a
créé la beauté parfaite et l'homme doit la restituer.
Les voies pour aller à Dieu sont dans la beauté. L'artiste sera alors le
plus proche de Dieu, son héraut. Poésie, sculpture seront des moyens d'aller vers Dieu.
A Florence, dans cette académie, Ficin a créé cette idée.
Rome au début du XVIe va recevoir ce message et les artistes. Autour du pape
lui-même va être créé l'image de la chrétienté et de la Renaissance. Il fera appel
à Léonard de Vinci (1452-1519) et à Bramante (1444-1514).
jusqu'en 1621, de grands papes vont être instigateurs de ce courant.
2) Une vision scientifique du monde
A Pados, près de Venise en bon
disciple d'Averroès(1126-1198) on essaye de trouver une fusion
des différentes philosophies. Pomponazzi, célèbre jusqu'au XVIIIe, rejette l'immortalité de l'âme, en 1512 il est
condamné par le Pape.
L'Homme devait par ses capacités être au centre de tous, à la mesure de toutes
choses. Les artistes voulaient être de toutes les sciences : Léonard de Vinci.
Copernic (1473-1543),
étudiant à Padoue, prouve
l'Héliocentrisme. Il y a aussi des mathématiciens de la politique : Machiavel (1469-1527), au service de Venise. Traité du prince.
Autour de lui, Guichardin (1483-1540) qui écrit une histoire
d'Italie.
3) L'importance des grandes découvertes
Magellan (v. 1480-1521) et Vasco de Gamma (1469-1524) ont enrichi
la connaissance du monde.
4) L'imprimerie
Rien ne se saurait fait sans la découverte de l'imprimerie vers 1400
: Gutenberg (1399-1468).
Elle a permis de répondre à la floraison de connaissance. Elle permettra de développer
et distribuer les idées.
On cherche les manuscrits de partout pour les éditer et ne pas les perdre ;
la fuite des manuscrits de Constantinople en 1453.
On assiste à un développement des écoles, collèges, bibliothèques. La
bibliothèque vaticane s'ouvre au public.
Alde Manuce (v. 1450-1515),
éditeur en Italie, invente les
caractères italiques. On travaille sur papier chiffon ce qui confère aux ouvrages une
bonne qualité et une grande espérance de vie.
En 1470, il y a une dizaine d'imprimerie en Allemagne ; en 1480,
une centaine en Europe, 250 vers 1500, et 400 vers 1600.
Venise, Bâle, Lyon, Anvers, Genève, Paris sont des grands centres d'éditions. Un livre est alors publié entre 500
et 1200 exemplaires. Luther (1483-1546)
aurait vendu 600 exemplaires de sa Bible en une année. A la foire de Francfort le catalogue est publié en 550
exemplaires.
Le marché : entre 15% et 16% de lecteurs. Le livre religieux domine. Entre 1450
et 1550, il y aurait eu 109 éditions de la Bible en Latin et dix-sept en langues
vulgaires. La légende dorée, le récit de vie de Saint, s'arrache, avec l'imitation de
Jésus-Christ.
II] La renaissance à Rome
C'est dans la Rome de Jules II (1443-1503-1513) et Léon X (1475-1513-1521), qu'on approche le mieux cette époque. Bramante arrive à Rome en 1499, Michel -Ange (1475-1564)
en 1506, Raphaël (1483-1520) en 1508 à la
suite de la chute de Florence et des Médicis.
Le modèle est la chapelle
Sixtine. Le pape est le nouvel Apollon,
nouveau César et chef de la chrétienté. Bramante donne les
plans de la chapelle. Après sa mort, Michel-Ange poursuit le travail qui finira avec Giocamm de La
Forta.
1) La voûte de la chapelle Sixtine
Le Pape a confié à Michel-Ange Buonarroti, de peindre la voûte. Il est surtout alors connu
comme sculpteur. C'est une immense fresque de 343 figures, et de 750 m2. Elle est formée par neuf tableaux qui retracent
l'histoire de la création jusqu'à Noé. C'est le religieux traité à la mode
renaissance.
Les neuf tableaux se précisent bien. A l'étage inférieur dans les
fenêtres, les ancêtres du Christ de l'Ancien Testament. A l'étage intermédiaire sont mêlés des
prophètes et des sibylles : mélange d'antiquité et de renaissance. Aux quatre coins,
des anges nues : les ignudi. C'est une composition savante qui a un but
pédagogique. Les peintures ont été rafraîchies, le vert et le violet sont largement
utilisées (couleur de la sainteté).
La lecture de l'ensemble se fait dans le sens contraire de la chronologie. Il
faut plutôt méditer sur la misère et la lumière divine. Au bas, les prophètes qui ne
connaissaient pas le Christ sont dans l'obscurité. Les ignudi représentant
Eros sont éclairés, Sur les trois étages, il y a passage de l'obscurité à la lumière
divine. Tous cela est mis à l'idéologie papale qui est Pontifex Maximus.
En 1512, La fresque est dévoilée. Elle est l'illustration
parfaite de la synthèse voulut par le Pape. Pourtant Michel-Ange a assisté
en 1521 au sac de Rome. Il peindra le jugement dernier en 1534
dans une toute autre ambiance ; la peinture est sombre et inquiète.
2) Raphaël Sanzio (1483-1520) et l'Ecole
d'Athènes
Raphaël naît à Urbino et se forme à Pérouse. Il prend goût à la grande
architecture, aux grandes uvres. On vient de trouver la Domus Aurus, maison
possible de Néron ou sont de belles fresques que voudra reprendre Raphaël.
Il a peint l'école d'Athènes (1510-11), grande fresque dans
la chambre de signature du Vatican. C'est une scène historique, dans un immense bâtiment
et au centre Platon et Aristote accompagnés de nombreuses gloires de l'Epoque. L'immense
temple est décoré de voûtes, plafonds, fresques en trompe-l'il ; une vision un
peu irréelle. les gens sont habillés à la mode antique. Il y a deux personnages
principaux : l'un point vers le ciel, l'autre vers la terre.
a. interprétation mythologique :
Des statues antiques : Apollon à gauche, Minerve à droite.
b. interprétation historique :
En rouge, Platon. En sa main gauche il tient le Thymet. De sa
droite il montre l'inspiration divine. Aristote tient en sa gauche l'Ethique, sa
droite montre la structure du monde. Diogène est sur les marches. Sous Apollon, Socrate
s'adresse à Alcibiade ; devant à gauche Pythagore et à coté avec un turban Averroès.
Couronné de lierre se tient Epicure ; à droite faisant de la géométrie Archimède.
Deux personnages parlent de géométrie : Zoroastre (avec la sphère étoilée) et
Ptolémée. Il y a Rafaël lui-même en toque noire, Le Pérugin son maître.
Platon aurait les trais de Léonard, Archimède celui de Bramante.
c.
interprétation politique :
Il s'agit d'un miroir doctrinal. Le moyen age avait privilégié
Aristote, il se trouve maintenant à égalité avec Platon --> égalité de toutes les
sciences : fusion complète des connaissances.
3) Réflexion sur les deux fresques
L'école d'Athènes était en face d'une dispute du saint sacrement,
peinture traditionnelle. Opposition entre un idéal de renaissance et le catholique le
plus pur, comme pour engager un dialogue entre les deux opposants.
Rome devient la Caput Mondi avec un mythe de l'age d'or, le nouveau Parnasse sur
terre. De la tradition des archadies, de l'académie. [ redécouverte de la poésie
antique]
Milieu optimiste entre 1520 et 1590. Rafaël porte une image plus douce et
abordable que Léonard. C'est l'apogée de Rome avant son sac en 1527. Les travaux de la
Sixtine seront interrompus et elle représentera plus cette deuxième période.
III] La diffusion de la renaissance
1) En Europe
Le modèle va se diffuser dans toute l'Italie premièrement. Les
artistes romains ont fuient lors du sac de Rome vers Venise, seul état encore
indépendant après 1530. Ferrare avec la famille des Este est entouré d'une cour
civilisée.
Les écrivains comme Arioste (1474-1533) créent le nouveau mythe du héros courageux, beau, raffiné. Pour
tous ces humanistes et artistes, il y de l'emploi dans les cours.
Peu à peu se crée une république des lettres avec la correspondance
échangée. Baldassare Castiglione (1478-1529), ami de Raphaël, publie en 1528 Le
Parfait Courtisan. Il explique comment un homme de la renaissance doit être maître
de soi, comment l'apprendre : foi, fréquentation, relations amoureuses. Lefèvre
d'Etaples, G.Budé. On trouve des humanistes dans tous les groupes sociaux. André Alciat.
En 1549, constitution de la pléiade. Progression
des langues et de l'Etat Nation. Erasme
(v.1469-1536)
2) L'échec final de la Renaissance
L'humanisme peut-il avoir une portée sur le peuple, peut-on s'adresser
à d'autres que des courtisans et des érudits ; le XVIe est obsédé par le salut, angoisse dramatique que
l'optimisme des humanistes ne touche pas. Les humanistes eux-mêmes étaient méprisants
vis à vis du petit peuple.
L'humanisme n'a pas empêché les guerres malgré les livres
dédiés aux princes. Ils ont été désabusés par la déchirure de l'Europe François Ier
/ Charles V.
Le rêve de paix universelle s'éloigne tandis que se développe
l'absolutisme et la centralisation. C'est l'affirmation d'un état fort.
Les humanistes voient leur idéal désabusé après 1530. Le maniérisme [raffinement technique et recherche d'un effet] succédant à la renaissance se
veut plus transcendantal. Dès 1550, on verra apparaître les premières violences contre
les anticonformistes, et les premiers bûchers. En 1553 à Genève, Michel Servet (1511-1553), médecin, est condamné pour avoir nié à l'existence de la
trinité. En 1600 à Rome on brûle Jordan et Brunot.
Finalement, la religion l'a emporté sur l'Arcadie et le Parnasse, avec les
collèges de jésuites.
Texte
établi à partir d'un cours de faculté suivi en 1997-8
Grands Mercis au professeur !
Mise à jour du : 15/04/99 19:27