CHAP 4... Les royaumes barbares, culture et religion
I] L'organisation ecclésiastique.
A partir du IVe - Ve siècle se met en place une
organisation territoriale de l'Eglise, facteur fondamental d'encadrement des populations.
Cette dernière finit par avoir des buts sociaux et économiques importants.
Le statut clérical est un monopole masculin avec une hiérarchie et il
contraint au célibat.
1) Evêques,
archevêques et diocèses.
Ces gens d'église sont des hauts lieux de la
politique et sont le relais d'un pouvoir local (défense des villes) et royal (ils sont
délégués ou nommés par le roi).
Le diocèse
n'est pas une nouveauté. Il est la base de l'organisation territoriale dès l'antiquité
tardive, dès que le christianisme devient religion d'Etat. L'Eglise se doit d'implanter
une administration propre et elle va tout naturellement prendre pour exemple les
circonscriptions administratives des romains. Elles ont au centre une ville, qui devient
le siège de l'évêque.
On
coordonne plusieurs diocèses en province, autour d'un métropolitain, plus tard appelé archevêque.
Au moment où les structures de l'administration romaine se disloquent, on passe à la
substitution d'une administration par l'autre. Alors, les limites des diocèses et des
villes se fondent ; les évêques en deviennent les administrateurs. Tout le long du Haut
Moyen Age, le rôle de l'évêque est important est indispensable : il est puissant dans
sa ville, rapidement intégré dans les administrations barbares.
Les
évêques dirigent leur diocèse de manière centralisatrice : ils ordonnent les prêtres
et dispense les rites chrétiens. Ils contrôlent leurs terres avec des conciles ou
synodes diocésains et visitent leurs diocèses chaque année. Ils se font aider d'un
fonctionnaire qu'ils nomment : l'archidiacre. Dans l'élection de l'évêque, on perçoit le rôle important des
évêques : ils sont choisis par des grands, voir par le roi.
Nulle part,
on ne remarque une présence forte de la papauté en tant qu'ordonnateur des institutions
religieuses. Il a un rôle honorifique et n'intervient pas dans le choix des évêques.
2) Les églises nationales.
Les
évêques de la Gaule mérovingienne, se réunissent en conciles nationaux à partir de 511,
date du concile d'Orléans. Il y
a une décadence au VIIe -
VIIIe siècle, liée à une diminution d'unité dans le royaume avec les
conflits entre roi et aristocratie. Ce principe des conciles nationaux se retrouve dans
les autres royaumes barbares : les Wisigoths se réunissent à Tolède. C'est pendant ces réunions que le roi est nommé.
On remarque
aussi des conciles provinciaux au niveau des archevêchés et même des conciles
diocésains au niveau local. Mais il n'y a rien au-delà de la nation ; le cadre
international n'existe pas. La hiérarchie est nationale est territoriale, ce qui explique
bien le rôle politique de ces évêques.
Du côté
des romains, l'évêque de Rome
à une juridiction limitée à l'Italie centrale et méridionale. La ville elle-même se
trouve à cheval entre Orient et Occident jusqu'au VIIIe
siècle. Au milieu du VIIIe siècle, au moment ou dans la
lutte du pouvoir en Italie les Lombards risquent d'envahir Rome, elle se tourne vers l'Occident et les francs.
3) Les débuts de la paroisse et la christianisation des campagnes.
Dès
l'antiquité tardive, en 402, un concile accorde aux prêtres le droit de
baptiser. Mais on remarque que lors du concile d'Orléans, un article insiste sur le même droit. En 529, on leur
accorde de prêcher et d'enseigner. On voit au VIe
siècle des églises rurales, dirigées par des prêtres, qui
peuvent dispenser le baptême, les messes et les prédications. Ces églises rurales
développent un nouveau découpage administratif : les Plebs, chef lieu de paroisse. Ce réseau rural va se démultiplier selon deux
directions :
Dans les
agglomérations rurales : les Vicus, affirmant les liens avec la paroisse. Généralement, c'est le village
qui crée l'Eglise, mais ca peut être le contraire, autour d'un sanctuaire rural.
A
l'intérieur des grands domaines des villae, vont se développer des églises privées, mise en place par le
propriétaire. Elles ont un rôle de contrôle de la main d'uvre. Ce sont des chapelles domaniales.
Cette
multiplication des centres religieux ruraux entraîne un essor de la vie économique et
des communications. Une autre conséquence est la survie des prêtres : ils ont acquis des
libertés religieuses mais n'ont pas de revenus fixes. La dîme ne sera instituée que par les premiers carolingiens. Ils ne peuvent
alors compter que sur les offrandes des fidèles.
On remarque
l'importance des paroisses dans la christianisation des paroisses. Mais ils ne sont pas
les seuls.
1) Le
monachisme d'Orient vers Occident.
Le monachisme chrétien vient de l'Orient. La
vie monastique a pour but de s'éloigner de la société humaine pour pouvoir se purifier
au travers de pénitences diverses.
Les débuts sont en Egypte et en Palestine,
comme pour le christianisme. Au départ, il y a deux modèles : la vie hérémétique (Eremos) avec un laïc qui se retire dans le désert. La vie cénobitique (Koinos), avec une
communauté qui s'éloigne de la vie urbaine.
Dès le IVe siècle apparaissent des règles dans les
fonctions cénobitiques. Les moines obéissent à l'abbé et il y a un horaire de vie commun divisé en travail manuel, spirituel
et d'abstinence. On voit alors de plus en plus de moines en Occident. Il s'agit d'un
idéal de vie pour les laïcs.
Dès le IVe siècle, des centres monastiques s'élèvent
à Marseille, Lérins, Poitiers ; en Italie, Rome.
La règle de St Benoît porte la première l'attention sur les novices avec l'idée simple
d'alternance quotidienne entre travail, prière et étude. Cette règle ne fut pas la
seule règle des monastères occidentaux. Ce n'est que sous les carolingiens qu'elle
devient hégémonique.
2) La gaule carrefour monastique : St Colomban et St Benoît.
On compte
200 monastères dans la Gaule du VIe siècle avec des règles très différentes. A la fin du VIe siècle,
le monachisme connaît un nouvel élan avec l'arrivée des moines irlandais. Ils viennent
d'un monde celtique qui n'a pas été touché par le monde romain. Elle a été
christianisée au Ve siècle par St Patrick. Quand l'île fut christianisée, les plus importants membres furent non
les évêques mais les abbés du monde rural. Très vite les monastères se développent
avec l'idée d'itinérance. Ces moines vont essaimer hors d'Irlande, vers l'Angleterre,
puis sur le continent avec St Colomban.
St Colomban arrive à Bangor
en 591, et fonde immédiatement un monastère à Luxeuil dans les Vosges. En 614,
il fonde dans les Apennins italiens à Bobbio un autre monastère. La règle y est très dure avec une pénitence
privée tarifée. Cette idée convient bien aux Francs. Malgré ce succès en Gaule (on peut compter une centaine de monastères
qui suivent le modèle), c'est le modèle de St Benoît qui va primer. Cela renvoie au caractère rigide de la règle de
Colomban. On préfère des règles plus simples.
Entre VIe et VIIIe siècle, la Gaule est
terre de rencontre entre deux monachismes avec un passage de la méditerranée à la mer
du Nord. C'est en Gaule que pour la première fois, la règle bénédictine se développe
généralement.
3) L'évangélisation de la Germanie et l'apport anglo-saxon.
C'est l'uvre d'un moine anglo-saxon Willibrord. Il développe un projet
d'évangélisation de la Frise.
Cette initiative est double : elle est appuyée par le pouvoir monarchique des maires de
palais d'Austrasie : les Pépinides. En effet, Willibrord avait bâti un monastère en Austrasie qui devint
dynastique : Echternach.
L'évangélisation de la Germanie est faite par Wynfrith-Boniface. Elle est appuyée par Pépin, pour élargir leur sphère d'action politique. Une autre nouveauté
apparaît aussi : le rôle de la papauté. Wynfrith va à Rome pour
demander la permission à la papauté d'évangéliser la Germanie. Le pape lui remet le pallium ; le moine change de nom et de
costume et devient évêque. C'est le premier pas vers un lien entre la papauté et les
missions à l'étranger. Boniface
installe des diocèses et des monastères, en faisant en sorte que les monastères ne soit
pas liés à l'évêque local mais à celui de Rome
4) Moines et évêques au Haut Moyen Age.
Les
évêques ont développé un quadrillage administratif approfondi, ils distribuent et
contrôlent les sacrements. Les moines sont des laïcs qui évangélisent les campagnes.
Moines et évêques sont tous deux recrutés parmi les élites gallo-romaines ou
germaniques. C'est un pouvoir religieux et politique contrôlé. Les évêchés et les
monastères possèdent d'importantes richesses foncières.
Du point de
vue organisation, le genre de vie des monastères, de plus en plus ordonné, prennent un
rôle de pépinières pour les évêques. Dans la vie ecclésiastique, il y a des
tendances à la hiérarchie et à l'autonomie. Toutes les fondations monastiques sont
contrôlées par l'évêque, mais les monastères veulent se faire exempter. La première
exemption connue est celle de Bobbio, directement rattachée à l'évêque de Rome.
1) Les modifications de la culture
au Haut Moyen Age.
Le problème culturel le plus important est la
langue. Partout on parle latin. Cette situation subit d'importants changements au VIIIe
avec la fragmentation poussée du latin parlé divisé en dialectes à l'origine des
langues romanes et en langues germaniques. Pour l'écrit, le latin demeure dans les
Hagiographies. Il y a donc une culture écrite et une culture orale.
L'antiquité tardive possédait un degré élevé de productions
littéraires, et administratives. Au Moyen Age, on remarque une rareté de la production
administrative ; elle se fait beaucoup par l'oral. Dans l'antiquité tardive, la culture
savante s'était répandue : il y a une connaissance du grec, la culture est enseignée
dans les écoles de manière organisée : Trivium (grammaire et dialectique) et Quadrivium (Arts appliques). Cette physionomie va résister dans l'empire byzantin
mais disparaît dans les royaumes barbares.
Au VIIe siècle, la culture religieuse est à la base
de tout. On lit la Bible et les écritures saintes avec tout ce qui s'y rapporte. Les
écoles publiques disparaissent ; les centres d'éducation quittent la ville pour la
campagne avec les monastères et les Scriptoria. Chez les grands, on voit un mélange des deux cultures.
2) L'église et la famille : du baptême au mariage.
L'emprise
de la religion chrétienne ne se fait pas que sur les modes de pensées, mais aussi sur
les cadres de vie. Un succès : l'intégration d'une naissance et d'une mort
christianisée ; avec le baptême, on se fait baptiser à la naissance, premières
obligations rituelles et avec la dernière : l'adoption de la mort de façon chrétienne :
sanctuaire, tombe. On christianise aussi d'autres éléments de la vie : le Dimanche. Un
échec : le mariage, qui reste une affaire laïc et de parenté. Il suit des rituels
germaniques ou romains. L'Elise déclare la guerre contre l'inceste, le concubinage.
3) Le culte du saint.
Au départ,
ce sont les martyrs de la religion chrétienne. Ils deviennent des modèles. Le tout est
lié au fait que les saints peuvent être utilisés comme des médiateurs, des protecteurs
entre les morts et les vivants. Cette importance des Saints s'aperçoit dans les reliques,
gardés dans un monastère et dont le culte est dans un plein essor.
Texte établi à partir d'un cours de faculté
en 1998-9
Grands Mercis au professeur
Mise à jour du : 25/04/99