Introduction
On distingue dans l'histoire de Rome
antique trois grandes périodes :
1) La Royauté
(753-509)
Rome naît en 753, date attribuée à sa fondation et transmise
par la tradition. Elle est plus ou moins confirmée par l'archéologie. C'est une période
fortement légendaire : ce que l'on en sait et très transformé par la mémoire et le
discours. Elle est connue grâce à trois auteurs de la fin du Ier
siècle av. J-C, entre 40 et 15.
Le premier est Tite-Live (64-17) ; il a
écrit une histoire de Rome en 142 livres. Beaucoup sont perdus, mais pour
les origines de Rome, 6 livres
ont été conservés.
Le second est un poète : Virgile (70-19) avec en
particulier l'Enéide, poème en douze chants où il fait le récit de la
venue d'Enée dans la région de
Rome du Tibre. C'est le héros
d'identification de Jules César.
Le troisième est un homme de
lettre grec Denys d'Halicarnasse (60-?). Il est venu résider à Rome. Il est l'auteur des Antiquités
romaines dont les volumes 1 et 2 sont accessibles dans la collection la Roue à
livres (Belles Lettres).
Ils ont donc vécu bien
après les évènements qu'ils rapportent. Après examen, il apparaît que ces récits
sont destinés à masquer que Rome à été soumise à ses voisins : les Sabins et les Etrusques de Toscane. Ces deux peuples ont exercé une
domination sur les fondateurs de Rome.
La période voit
l'exercice du pouvoir de Sept rois légendaires : Romulus, héros fondateur de l'Urbs, Numa Pompilius qui a donné son organisation politique à Rome, Tullus hostilius et Ancus Martius. Puis trois rois étrusques : Tarquin l'Ancien, Servius Tullius qui donne son organisation
administrative et sociale à la ville, finalement, Tarquin le
Superbe, le roi qui sera chassé par les Romains en 509.
Il est remplacé par deux personnages, les consuls, qui proclament la république.
Cet épisode a provoqué
chez les romains une haine récurrente de la monarchie. Voilà pourquoi les romains n'y
reviendront jamais.
2) La République (509-31)
C'est une période de développement de Rome avec l'accroissement de son
indépendance, la mise en place des institutions, des structures sociales et économiques
en liaison avec l'expansion territoriale de Rome en Italie, puis dans le bassin
méditerranéen. Au cours de cette expansion, les romains entrent en contact avec la
civilisation hellénistique, héritée de la synthèse entre la civilisation grecque
classique et celles des régions conquises par Alexandre. Loin de la rejeter, les romains vont se dire les héritiers et les
continuateurs de cette civilisation.
Au Ier
siècle, viennent sur la scène des généraux romains qui
prétendent diriger seul les destins de Rome ; c'est un retour à la tendance de domination personnelle : Sylla, Pompée, César, Marc-Antoine, Octave futur Auguste.
En dépit des luttes pour
le pouvoir, ce dernier siècle est marqué par un rayonnement de Rome sur tous les plans.
Cette période a vu naître et vivre des hommes comme Cicéron, orateurs, poète, philosophe. Vivent alors les plus grands poètes (Lucrèce, Catulle, Proerce)
Historien (Saluce, César, Varron né en 116, mort en 27). Varron à écrit une soixantaine d'ouvrages sur
des thèmes fort variés.
C'est donc une période
riche et de transition.
3) L'Empire (27-476)
C'est une vaste période qui se divise en deux
parties. Le Haut Empire (27av-235ap) et le Bas Empire (284-476). Le Bas Empire, désigne
la période la plus proche de nous sans considération péjorative aucune ; on l'appelle
aussi l'Empire Tardif.
Entre les deux, une cinquantaine d'années : les crises du troisième
siècle, période de troubles, d'insécurité, d'instabilité politiques, de menaces
extérieures qui voient les empereurs faits et défaits par l'armée.
L'Antiquité Tardive est une période de renaissance de l'empire romain
jusque vers 395. L'Empire trouve deux empereurs à forte personnalité : Dioclétien qui met en place la tétrarchie
et Constantin le Grand. Après
la mort de Constantin commence un long déclin, surtout après le partage de l'empire en
deux par Théodose le Grand. Ce
déclin conduit à la chute de l'empire sous Romulus
Augustulus.
L'Empire romain d'Orient
survivra et se transformera en Empire byzantin jusqu'à la chute de Constantinople en 1453.
4) Les Sources pour l'étude de la République
Cicéron (106-43) : les
discours, les correspondances, les traités, sont une mine d'information pour la période
de la République.
César (101-44) : homme politique visionnaire, conquérant, mais
aussi accompagné d'une gloire littéraire avec De Bello Gallico en sept
livres + 1. Aussi, De Bello Civile, épisode opposant César à Pompée. Plus ou moins de lui : la guerre d'Alexandrie, peut-être
par Hirtius, la guerre d'Afrique, auteur inconnu, et la
guerre d'Espagne.
Ces uvres sont indispensables à la connaissance de ces siècles. Il faut néanmoins
se méfier des uvres de César, ouvrages de propagande, par conséquent subjectifs,
parfois fallacieux qui mettent en exergue la valeur d'un homme. Mais cohabitent aussi
pureté de la langue et du vocabulaire. Il sait mettre en scène avec un sens de la
tragédie. César est un
mémorialiste écrivant à des fins politiques.
Salluste (86-35) : Personnage important du Ier
siècle, homme politique raté mais écrivain formidable. Il a été lieutenant de César, a participé à certaines campagnes,
puis devient gouverneur de la nouvelle province d'Afrique. Il y rédige deux uvres
essentielles : la conjuration de Catilina. Il suit Thucydide dans la recherche de la vérité. La
guerre de Jugurtha, aussi, roi numide qui s'est soulevé.
Tite-Live (59-17) : il a rédigé une uvre fort mutilée,
connue uniquement par des résumés, les périoches. Son uvre se veut un manuel
d'histoire pour les romains.
Appien (95-?) :
En tant que fonctionnaire, il a eut accès aux archives et donc il nous apporte des
informations précieuses pour écrire une histoire romaine en grec en 24 livres. 14 sont
perdus. Mais notamment les 5 livres sur les guerres civiles du Ier
siècle ont été conservés. Ce n'est pas un grand historien, mais
ses informations sont de premières mains sur les peuples que Rome a eut à combattre ou à soumettre. C'est un grec rallié à Rome, qui
justifie donc l'impérialisme romain.
Dion
Cassius (163-235), originaire de Bithynie au Nord de l'Asie Mineure. C'est un
aristocrate, deux fois consul, homme d'Etat riche. Il a écrit une histoire romaine
en 80 livres qui couvrent l'histoire des origines à 229. Il en reste les
livres 36 à 60, ceux qui couvre la période 68av-47ap. Donc des
informations sur la fin de la république. Le reste est connu par des résumés byzantins
du XIe et XIIe : Xiphillin et Zonaras. Les livres 50-51 parlent de la bataille d'Actium.
Cornelius
Nepos : Quelques biographies
Plutarque : Homme de lettre grec de Chéronée en Béotie qui a vécu sous le règne de Trajan. Il est l'auteur des vies parallèles, biographies qui à
un grand homme grec oppose un grand homme romain. Biblio de Marius et Sylla T6, Luculus et Crassus T7, Pompée T8,
César T9, Les Gracques T11, Cicéron T12, Marc Antoine T13.
A ajouter l'épigraphie,
bien moins nombreuses que sous l'empire
5) Pourquoi l'étude des années 133 à 31 ?
Les deux derniers siècles de la République sont
considérés comme fondamentaux. Rome évolue pour les siècles à venir. Ils conduisent à la mise en place
d'un nouveau système politique et économique appelé à remplacé la République :
l'Empire. En quoi cette période présente-t-elle tant d'intérêt ?
202 est une
date qui marque la victoire de Rome sur son concurrent le plus évolué et le plus dynamique : Carthage. C'est la première victoire hors de
Rome qui met fin à la Deuxième Guerre Punique. Rome devient la puissance du bassin
occidental de la méditerranée, cela sans partage. Elle n'est alors plus menacée sur son
territoire.
Cette assurance de
tranquillité lui permet d'adopter une politique agressive face aux puissances du bassin
oriental de la méditerranée : les monarchies hellénistiques, celles qui règnent sur la
Grèce Occidentale (les Antigonides), en Asie
mineure (les Attalides), en Syrie (les
Sélucides).
Dans les conflits, partout
Rome intervient pour son propre
intérêt uniquement. Cette attitude se développe dans la période 202-133.
Certains historiens parlent d'impérialisme pour cette période, anachronisme certes, mais
bien représentatif.
Cet impérialisme se traduit par les conquêtes de la Macédoine et de la Grèce
entre 200 et 167. Les destructions des villes de Corinthe et de Carthage la même année en 146 correspond à la mainmise sur une
partie de l'Espagne et sur le
royaume de Pergame des Attalides
(Il s'agit là d'un héritage).
Cette expansion inaugurée
au début du IIIe siècle se
poursuit dans notre période. Ces conquêtes ont entraîné de profondes mutations dans la
vie politique, dans la composition économique et dans son organisation sociale. Des
historiens parlent de crise de croissance d'un régime qui ne sait comment répondre à
son expansion. Cela entraîne une succession de crise qui conduiront la République à sa
perte.
Il y a une crise agraire et sociale, une crise politique dans le
fonctionnement même des institutions qui ne sont plus adaptées à l'immensité des
régions dominées. Aussi, une crise des valeurs traditionnelles du peuple romain, peuple
de paysans, incultes. Ce mode ancestrale va se confronter vers les modes de vie de
civilisations plus évoluées. Il y a contamination hellénistique qui provoque un
changement dans les murs.
C'est aussi une période ou la stabilité politique existe parce que le
sénat romain, assemblée d'aristocrates, tient encore fermement les rennes de l'Etat,
conservateurs et hostile à toutes réformes. En ce sens, le premier tournant historique
sous la République se situe en 133 avec la venue au premier plan de Tiberius Gracchus. Il a une action
réformatrice qui va bouleverser le fragile équilibre politico-sociale qui prévalait
depuis 202.
31 est un
tournant militaire et politique : le général Octave triomphe de son rival Marc-Antoine, devient le maître du bassin méditerranéen et inaugure l'empire.
Se développe alors une
période tourmentée, faite d'assassinats, de violations constantes de la constitution, de
mutations profondes sociales avec des conquêtes sur fonds de guerre civiles. C'est aussi
la période de la mobilisation du peuple romain et italien dans des armées omniprésente
au service non plus de la République, mais de ses généraux.
C'est le passage d'un
ordre ancien à un ordre nouveau en l'espace d'un siècle.
Texte établi à partir d'un cours de faculté suivi en 1998-9
Grands Mercis au professeur